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Jordan Rakei / Alfa Mist

1/ ALFA MIST
Comme beaucoup de beatmakers de sa génération, Alfa Mist a découvert le jazz grâce au hip-hop. Fan de Madlib et J Dilla, le jeune Londonien a d’abord été producteur de grime avant de s’imposer comme une sorte de Robert Glasper made in UK.

Sa musique, il la définit comme du « jazz alternatif et sombre parsemé d’éléments de hip-hop et de soul ». Proche de Jordan Rakei ou Tom Misch, Alfa Mist appartient à la fertile scène londonienne, celle qui rebat les cartes de la Great Black Music sans complexes. Sorti l’an dernier en autoproduction sur son Bandcamp, Antiphon a rencontré un succès fou sur la toile : visionné plus de 4 millions de fois sur YouTube, il s’est propagé comme un évangile du post-jazz. Il faut dire qu’à mi-chemin entre les univers de Christian Scott et Robert Glasper, l’EP rassemblait une affolante bande de musiciens anglais, de la chanteuse-bassiste Kaya Thomas-Dyke au trompettiste John Woodham. Car comme son modèle Miles Davis, le jeune pianiste-rappeur sait que le secret, c’est de bien s’entourer.

2/ JORDAN RAKEI
Nouvelle signature du toujours pertinent label anglais Ninja Tune, ce jeune Néo-Zélandais installé à Londres produit une soul hybride qui doit autant au jazz ou au reggae qu’à l’électro. Un crooner 2.0 aux mille et un talents.
En 2015, il écrit sur les réseaux sociaux des aphorismes : « J’ai découvert James Blake le lendemain du jour où j’ai arrêté de manger de la viande ». Un an plus tard : « Frank Ocean me donne encore plus confiance en moi pour faire de la musique chelou ». En deux tweets, tout est dit : Jordan Rakei navigue entre ces deux pôles du R’n’B transgénique. Chanteur, producteur et multi-instrumentiste, ce « Kiwi basé à Londres » a quelque chose du caméléon : il peut graviter autour de l’électro-pop de Disclosure, s’enticher de D’Angelo et Fat Freddy’s Drop ou jammer avec le jazz-hip-hop d’Alfa Mist. Doté d’une voix douce comme une nuit blanche, l’homme est un ensorceleur de première. Ce n’est pas pour rien si son premier album s’appelait Groove Curse (la malédiction du groove). Méfiance, donc.